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    INTERVIEW de JIN SIL / de Lyon – 2016

    LUCILE CALLEGARI – Artiste peintre

    Vous travaillez sur des toiles en lin, des toiles en polyester ou en coton ?

    Je travaille sur des toiles essentiellement coton blanc et quelques unes en lin blanc, puis brun en préparation

    Comment trouvez-vous votre inspiration ?

    Je trouve mon inspiration dans les portraits féminins, des modèles pour la plupart jeunes et de belle esthétique que je transpose en peinture. Une pose, un regard, une expression, une émotion …m’inspire. Le visage est mon unique source.

    Pourquoi dessinez- vous des visages dans le même ton de coloris ?

    Les visages sont traités dans un même ton de coloris en fonction de l’évolution de ma peinture en général et de mes choix qui se modifient au fil du temps. J’ai commencé avec des visages colorés et sombres, puis les visages se sont éclaircis peu à peu, sur fond brun puis blanc. Aujourd’hui une nouvelle période débute : le noir et blanc, tout en nuance de gris.

    Qu’utilisez- vous comme matériel ?

    Mes toiles sont en coton ou lin de taille moyenne (70x80cm) à grande (200 à 150cm). Je travaille sur chevalet au pinceau avec de la peinture acrylique et du fusain. La finition se fait au vernis de manière très traditionnelle au pinceau.

    Vous travaillez à l’acrylique ; pourquoi pas une autre peinture ?

    L’acrylique correspond à ma façon de peindre, c’est à dire spontanée, rapide, presque automatique (rapport à l’écriture), car ce médium sèche vite et se travaille en matière épaisse. Le traitement peut se faire en une seule fois, comme je réalise les toiles, sans y revenir.

    Faites- vous des mélanges particuliers ?

    Je mélange très peu les couleurs de base (noir, blanc, bleu, carmin…)

    Combien de temps mettez-vous pour faire un tableau ? Que signifie ces visages pour vous ?

    Une toile est réalisée avec spontanéité, énergie, force, dans un temps qui m’amène à forcément terminer la toile lorsque je l’ai commencé…sur une journée. Lorsque j’estime que le portrait est abouti et ne nécessite aucun traitement supplémentaire, je le met de coté pour le séchage et ne revient jamais dessus…ce serait le dénaturer que de le modifier car il a été réaliser à un moment bien précis.
    Le visage est pour moi le moyen de mon expression. Je ne traite que le portrait… Ce que j’ai à transmettre ne peut se faire que par l’humain, le regard, et l’expression qui prend forme…l’émotion est le maître mot de mon travail.
    Le choix du portrait féminin s’est imposé à moi dés ma toute première toile.
    J’y met mon histoire, ma personnalité…une partie de moi. Et le spectateur s’approprie un portrait qui va lui parler à lui, provoquer une émotion qui lui est propre…dès lors, le travail de projection qui m’appartient pendant la création n’a plus lieu d’être…je m’efface pour laisser place à cet échange d’émotions.

    Est-ce que vous voulez faire passer un message particulier ?

    Mes peintures sont un cri…un cri de colère, de tristesse qui s’apaise au fil du temps et qui se transforme en cri d’amour et d’espoir. C’est un message du cœur que je transmets …la vie

    Depuis combien de temps dessinez- vous ?

    Ce sont de longues années d’étude de l’histoire de l’art, ainsi que de nombreux voyages et visites d’expositions qui ont forgé mon œil. Je n’ai pas fait d’école d’art pour la pratique. Une femme rencontrée lors de mes premières expositions m’a dit que j’avais peints dans ma tête pendant toutes ces années.
    Je n’ai jamais crayonné…juste passionnées par l’art mais sans avoir le courage et la maturité pour la création.
    C’est à 35 ans en prenant les pinceaux, guidée par un ami peintre bordelais et brillant, que j’ai réalisée qu’il était possible pour moi de m’exprimer par une pratique artistique, de sortir de moi, de projeter mes peurs et angoisses. C’est une thérapie qui s’est inscrite à un moment précis de basculement de vie.

    Quels sont les artistes qui vous ont inspiré ?

    A travers ma passion depuis 20 ans pour l’art, j’affectionne de nombreux artistes anciens et contemporains, des courants (le symbolisme, l’art nouveau…).
    Lors de cette nouvelle période qui s’annonçait à moi, c’est une artiste peintre contemporaine espagnole, Lita Cabellut, qui réalise de grands portraits d’icônes féminines que j’affectionne tout particulièrement (Coco Chanel, Frida Kalo) qui a provoqué en moi le déclic de traiter le portrait féminin dans tout ce qu’il offre esthétiquement et émotionnellement. D’autres également, pour la force du traitement, une puissance extrême qui prend aux tripes, Lucian Freud, Francis Bacon… La photographie des années 30, et américaine vers 1960-70 avec Diane Arbus, Robert Mapplethorpe…

    Vous avez fait des femmes de plusieurs origines, est-ce pour une raison particulière ?

    Juste pour présenter la diversité des visages, la beauté universelle qui se dégage de toutes ces femmes. LA femme !

    Pourquoi ne pas faire plus d’hommes ?

    Je trouve une réelle dynamique dans le portrait de femme.
    Je n’ai rien contre les hommes ! Juste qu’esthétiquement, je trouve la beauté féminine plus complexe, plus mystérieuse, plus fine, plus sensible.
    J’ai toutefois aimer peindre ces trois hommes !

    A qui appartiennent ces visages ?

    Ces visages de femmes sont uniques et n’existent qu’en peinture.
    Ce sont des œuvres originales, non une reproduction photographique retransposée en peinture.
    Je pars toutefois d’un modèle qui existe afin d’y poser le dessin au fusain des contours sommaires.
    La peinture fait ensuite le reste…les choix se font tout au long de la réalisation de la toile. Rien n’est prédifinit. Je découvre le portrait que je viens de réaliser et ce qui s’en dégage une fois terminé.

    Interview réalisée et collectée par JIN SIL de Lyon

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